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BIOGRAPHIE Voici la biographie de Pierre TRANCHAND / PICA, vous avez également la possibilité de consulter une interview de l'artiste en cliquant sur l'icône à droite. Allez y jeter un coup d'oeil...

SOMMAIRE

(cliquez sur les titres)

 

une petite présentation ?

Les Profs par ordre chronologique

Et les récompenses dans tout ça ?

Interview

Les origines

Les années 70-80

Les années 80-90

Les années 90-2000

Les années 2000 à nos jours...

Une petite présentation ?

Pierre TRANCHAND / PICA

 

        Pierre TRANCHAND dit PICA est né le 21 janvier 1953 à Saint-Etienne.

 

       Après son diplôme d’architecte obtenu en 1977, Pica, de son vrai nom Pierre Tranchand, devient dessinateur professionnel de bandes dessinées en 1978. Il a publié près de 4000 pages dans divers journaux: Djin, Trio, Pistil, Formule 1, Pif, Tintin, Circus, Gomme, Triolo, Hello Bédé, Le journal de Mickey, Spirou, Chut ! Je lis, Bleu Blanc Foot...

 

       Il a réalisé en outre de nombreux travaux publicitaires pour des grandes marques et chaînes de magasins (Les Gum´s pour les Cafétérias Casino pendant 9 ans, mais également pour le chocolat Poulain, Guy Degrenne, Air Inter, etc…)

 

      Toutes les semaines pendant plus de 15 ans il a collaboré au Journal de Mickey où il animait Les Profs sur le scénario d’Erroc.  À ce jour la série Les Profs s’est vendue à plus de 4 870 000 exemplaires pour les dix-huit tomes depuis la sortie du tome 1, le 7 juin 2000.

 

      La série a obtenu le Prix Jeunesse 9/12 ans à Angoulême en 2001 et a été nominée deux autres fois (2004-2005). Nomination aussi pour ce prix en 2003 pour l’album Les Babyfoots. En 1985 et 1986 les albums de Marine l’avaient été également, mais sans succès…

La série Les Profs a été classée « 3ème BD préférée des adolescents » en janvier 2006 par les lecteurs du magazine Science et Vie Junior derrière Astérix et Lanfeust de Troy. Et en janvier 2007 3ème aussi, cette fois par les lecteurs du magazine Okapi, derrière Titeuf et Astérix …En 2008 les lecteurs d’Okapi ont classé la série « Meilleure série à gags » devant Titeuf, Kid Paddle, Le Petit Spirou, Gaston….

 

Un film d’une adaptation de la série Les Profs a été réalisé et écrit par PEF (Pierre François Martin-Laval) (avec entre autres acteurs : Isabelle Nanty, Christian Clavier, François Morel, Kev Adams…). Produit par UGC, TF1 et Canal +, il est sorti en salle le 17 avril 2013.

 

      Le film Les Profs avec 3 955 113 spectateurs a été le premier succès français de l’année 2013 !

 

      Un second film The Profs 2 a été tourné de janvier à mars 2015 et est sorti le 1er juillet 2015. Celui-ci a aussi été un succès avec plus de 3 490 000 spectateurs.

 

     Aujourd’hui Pica, dans une semi-retraite suite à un AVC survenu en mars 2009, dessine une nouvelle BD L’écho de la jungle sur des scénarios de Erroc, Christophe Cazenove et Hervé Richez.

C’est pour le plaisir qu’il continue, une passion du dessin BD qui date de plus de 50 ans…

 

      Pica a publié à ce jour plus de soixante-dix albums chez différents éditeurs : Glénat – Hachette BD – Lombard – Dargaud – Soleil – Vents d’Ouest – Casterman – Bamboo – Clair de Lune.

 

      Ses albums ont été traduits dans une quinzaine de pays.

 

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LES PROFS par ordre chronologique !

En décembre 1998, Le Journal de Mickey publie un gag des Profs dans ses pages. Le magazine fait un sondage auprès de ses jeunes lecteurs qui attribuent la note 9/10 à la série. Le Journal de Mickey passe alors aux auteurs une commande de 10 autres gags pour l’été 1999, gags qui seront repérés par l’éditeur de Bamboo…

 

1997-2000 : Premiers encouragements

 

Juillet 1997 : Pica et Erroc réalisent leur première planche des Profs, qui s’appellent alors Tohu-bahut. « Nous sentions que l’univers du lycée était propice à une bonne série. » - Pica

23 décembre 1998 : Le Journal de Mickey publie une page des Profs dans une rubrique pour débutants. À respectivement 45 et 37 ans, Pica et Erroc acceptent de diviser leur cachet par deux, tant ils croient à leur série!

Été 1999 : Le Journal de Mickey diffuse 10 nouvelles pages des Profs. Parmi les lecteurs du magazine, Olivier Sulpice, jeune éditeur, craque pour la série et insiste pour la mettre au catalogue de Bamboo. « Cela faisait des mois que je tannais Jenfèvre pour faire une série sur le monde de l’école. Les gags de Pica et Erroc correspondaient exactement à ce que je voulais chez Bamboo. » - Olivier Sulpice

Juin 2000 : Parution du premier album des Profs « Interro  surprise » chez Bamboo Édition. La mise en place initiale est inférieure à 5.000 exemplaires. Malgré une diffusion modeste, le public adhère tout de suite et les ventes du titre atteignent déjà 14.000 ex. à la fin de l’année.

 

2001-2002 : La série se fait un nom

 

Janvier 2001 : Le tome 1 des Profs reçoit à Angoulême l’Alph-art Jeunesse 9/12 ans du “Meilleur album de l’année 2000”. C’est le début d’une reconnaissance de la part des professionnels et la confirmation de celle du public. La série sera d’ailleurs plusieurs fois primée dans différents festivals.

Avril 2001 : Pour la première fois, Les Profs sont édités à l’étranger: dans des magazines turcs et chinois. Depuis, on ne compte plus les traductions en différentes langues.

Fin 2001 : L´opération Profs tome 1 + Gendarmes tome 1 pour 59 FF permet à la série de faire une entrée remarquée dans les hypermarchés.

Février 2002 : Le Télégramme de Brest publie le tome 1 des Profs. C’est le début d’une série de publications régulières dans la presse française.

 

 

2003-2004 : Un nouveau phénomène de l’édition ?

 

2003 : Début des produits dérivés : les chaussettes Les Profs font leur apparition en magasin.

Avril 2003 : Les éditions France Loisirs ajoutent le tome 1 des Profs à leur catalogue. 100.000 albums sont écoulés en un an. Les tomes 2 et 3 suivent 6 mois plus tard.

Eté 2003 : Opération “Agenda Les Profs”. Un agenda cartonné offert pour l’achat de deux albums de la série. Plus de 100.000 albums vendus.

20 août 2003 : Sortie de « Chute des cours », 5e tome des Profs. Mise en place : 100.000 exemplaires ! Forte présence dans les médias.

Début 2004 : Les Profs font leur entrée dans le cercle très fermé des séries vendues à plus d’un million d’exemplaires !

 

2005 à nos jours : Un nouveau classique de la BD d’humour

 

Mars et Septembre 2005 : 2005 aura assurément été l’année des Profs avec la sortie du tome 7 « Mise en examen » en mars et du tome 8 « Fenêtre sur cours » en septembre. Pour le lancement de ce dernier, Bamboo lance une campagne de communication d’envergure, valorisée à plus de 350.000 euros : campagne d’affichage, de publications et publicité dans la presse, spots radio et nombreux partenariats… Autant d’initiatives ayant permis une mise en place en librairie de 300.000 exemplaires supplémentaires de la série.

 

En mars 2008 : Sortie de l’album “Les Profs refont l’histoire”

Afin de dessiner autre chose que des classes et des bureaux, j’ai réussi à convaincre Olivier Sulpice et Erroc de faire des histoires de profs à travers les siècles…

L’aventure commence en 2005 pour faire un album qui revisite, entre autres, la préhistoire, l’Egypte des pharaons, le Moyen Âge, l’épopée napoléonienne et le futur…

Le tome 11 paraît la même année.

 

2009 – Un AVC me contraint de passer du papier au dessin informatique.

 

2010 - Sortie du livre de poche “Virus au bahut” - premières illustrations informatiques

 

17 avril 2013 – Sortie du film “Les Profs” de Pierre François Martin-Laval

Un succès avec 3 957 176 spectateurs – premier film français de l’année

 

31 mai 2015 – Sortie du tome 17, dernier album dont je dessine le crayonné  à la Cintiq et encré sur papier par Simon Léturgie

 

1er juillet 2015 – Sortie du film “ The Profs 2”, un succès avec 3 489 537 spectateurs

 

Fin décembre 2015 - La série s’est vendue à plus de 4 660 000 exemplaires… cette année marque aussi la reprise à 100% du dessin de la série par Simon Léturgie.

 

            A ce jour, Les Profs ont été vendus à 3.716.000 exemplaires faisant de cette série une valeur sûre de l'édition.

 

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Et les récompenses dans tout ça ?

Malgré ses 30 ans de carrière, il a fallu attendre le début des années 2000 pour que le talent de Pierre TRANCHAND soit enfin reconnu par tous. Découvrez la liste des différents prix qui lui ont été attribués lors de festivals...

 

Alph’Art Jeunesse 9 /12 ans – Angoulême 2001 pour l’album Interro surprise (Les Profs – Tome 1 – « Meilleur album Jeunesse de l’année 2000 »)

 

Babet d’Or  – Prix spécial « Oeuvre originale » – Festival du Livre de Saint-Etienne – Octobre 2001

 

BD’ART d’honneur – Festival de Rive de Gier – Décembre 2001

 

Prix du Centre Médico-Chirurgical des Massues pour l’album Rentrée des artistes -- Tome 4 de la série Les Profs -- Festival de la Bulle d’Or de Brignais – Novembre 2002

 

Prix spécial Case et Bulle – Festival d’Ajaccio – Décembre 2002

 

Prix Bonne mine du meilleur album pour Rentrée des artistes -- Tome 4 de la série Les Profs  -- Festival de Décines – Mai 2003

 

Prix de la Bande Dessinée du Conseil Municipal des Enfants pour Chute des cours -- Tome 5  de la série Les Profs -- Fête du Livre de Saint-Etienne – Octobre 2003

 

Prix Bouquin du Gone pour Interro surprise -- Tome 1 de la série Les Profs -- Festival de la Bulle d’Or de Brignais – Novembre 2003

 

Prix Bulle d’Or « pour l’ensemble de la carrière » – Festival de la Bulle d’Or de Brignais – Novembre 2003

 

Prix Bonne mine du public pour Mise en examen -- Tome 7 de la série Les Profs -- Festival de Décines – Mai 2005

 

Prix Bonne Mine d’honneur « pour l’ensemble de la carrière » – Festival de Décines – Mai 2005

 

Prix de la Meilleure BD d’humour 6ème - 5ème – Festival de Saint-Laurent de la Salanque -- Mai 2008  pour Motivation 10/10 -- Tome 10 de la série Les Profs

 

Prix spécial « 30 ans de carrière » -- Festival BD’ART de Rive de Gier — Décembre 2008

 

Prix de la Meilleure BD d’humour 2009 des collégiens de la Guadeloupe pour Les Profs refont l’histoire!  -- Avril 2009

 

Prix de la Meilleure BD d’humour 6ème - 5ème  – Festival de Saint-Laurent de la Salanque -- Mai 2009 pour Les Profs refont l’histoire!

 

Prix spécial « Ensemble de l’œuvre » - Festival BD’ART de Rive de Gier - Décembre 2013

 

Prix Canal J « Meilleur album jeunesse » - Salon européen de la BD – Nîmes 2014 – pour Les Profs - Tome 16 : 1, 2, 3 rentrée !

 

Prix de la meilleure série pour « Les Profs » - Festival de Illzach - Novembre 2014

 

Prix du Luguy d’or pour l’ensemble de la carrière - Saint Parres aux livres 2016

 

Prix d'honneur Décines 2017 - pour l'ensemble de la carrière - Décines - Avril 2017

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interview
La carrière de Pierre TRANCHAND alias Pica dure depuis plus de trente ans maintenant. Voici une interview de l'auteur qui retrace toutes ces années de travail acharné, de passion et de patience....

LES ORIGINES

Pourquoi Pica ?

- Ce pseudonyme vient du nom de ma mère qui a un nom d'origine italienne: Picaglia. On appelait nos cousins les "Pica", d'où ce pseudo…

 

Pour quelles raisons avoir pris ce pseudo, alors que tu avais toujours signé Pierre Tranchand ?

- Tout simplement parce qu'à une période mon style de dessin passait pour "has been" et mon nom synonyme de méventes. J'ai donc changé mon dessin pour le moderniser et changé de nom pour faire "neuf" auprès des libraires. Aujourd'hui, ma nature a repris le dessus et mon style est, je pense, entre le "Pica" première époque et le "Tranchand" d'avant. En ce qui concerne les méventes, aujourd'hui ça me fait bien rire, car il ne me semble pas que ce soit un style de dessin qui soit obsolète, mais une série rencontre un public ou pas. D'ailleurs, les ventes de mes anciens albums n'étaient pas si mauvaises. Bien des éditeurs actuels s'en contenteraient et bon nombre d'auteurs à la mode aussi.

On a toujours considéré que ton dessin était dépassé car trop "populaire", trop soigné, trop classique….

- Oui, aujourd'hui la mode est au dessin lâché et introspectif. Le reste est ringard, eh bien, désolé, le public ne semble pas toujours d'accord. Il y a de très bonnes choses dans la nouvelle BD, mais ce n'est pas la seule digne d'intérêt. La diversité c'est pas mal non ?

 

Tu es né à Saint-Etienne.

- Je suis né le 21 janvier 1953 à Saint-Etienne, troisième d'une famille de six enfants, mon père travaillait dans le social et ma mère avait pas mal à faire à la maison !

 

Quelles influences étant jeune ?

- Le choc est venu d' Astérix. En 1966, on m'a offert Astérix chez les Bretons et ce fut la révélation: je voulais devenir dessinateur de BD. Avant, j'avais lu quelques Sylvain et Sylvette et des Tintin, mais la rencontre avec Astérix a été déterminante. Je lisais peu de BD avant 1966 car les livres et les journaux étaient chers. Des copains me passaient parfois leurs journaux de BD. Après, je suis devenu un lecteur des reliés de Tintin et Spirou (cadeaux de Noël ou d'anniversaire).

Tu voulais alors te lancer dans la BD ?

- En 1968, j'ai postulé pour entrer dans une école de dessin après la 3ème, mais j'ai reçu la convocation pour l'examen le lendemain du jour des épreuves, pour cause de "lancers de pavés parisiens". Je suis rentré en Seconde, bien décidé à partir l'année suivante, mais après avoir écrit à Morris, mes parents ont été convaincus que je devais passer mon bac d'abord! Le bac en poche, j'ai choisi des études assez longues: Architecture. Mes études ne se sont pas mal passées et comme je n'ai eu vraiment de bons contacts avec le monde de la BD qu'en avril 1976 (j'étais alors en 5ème année), j'ai décidé de finir mes études. J'ai passé mon diplôme le 4 juillet 1977 et arrêté le soir même tout contact avec le métier d'architecte.

Une des premières parutions de Pierre TRANCHAND - 1979

C'est donc pendant tes études que tu as commencé à être publié, comment es-tu arrivé à placer tes dessins ?

- En faisant du porte à porte. En août 1969, j'ai placé 4 strips dans un journal de

Saint-Etienne L'Essor, qui existe toujours d'ailleurs. Puis un ami de mon père m'a contacté pour un petit journal, Epinal, Images du mois en 1971. Ensuite, en 1972, j'ai frappé à la porte d'un journal gratuit de Saint-Etienne ( Hebdo ) où j'ai fait d'abord des dessins d'humour sur des évènements locaux, des caricatures de gens du coin et L'histoire de Saint-Etienne. Ensuite Spirou a créé La Carte Blanche, j'en ai fait 5, plus une Découverte Dupuis.

Extrait d'une histoire parue dans Circus

- scénario : F. Corteggiani

- 1981

LES ANNÉES 70-80

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C'est lorsque tu es "monté" à Paris, faire la tournée des rédactions que tu as rencontré François Corteggiani ?

- En avril 1976, j'ai profité des vacances de Pâques pour "monter" à Paris. J'ai fait le tour des rédactions et c'est à cette époque que je l'ai rencontré, il travaillait en studio avec Michel Motti et François Dimberton pour Pif. C'était très éprouvant de faire la tournée des rédactions car certains rédacteurs en chef n'étaient pas tendres et semblaient trouver du plaisir à humilier les gens, mais c'est encore le cas aujourd'hui. Plus les gens sont médiocres, plus ils sont méchants. Les grands professionnels, Charlier, Greg, avaient un jugement parfois dur, mais jamais méchant.

 

Ta carrière professionnelle démarre réellement dans Djin avec les gags de Péroline

- Oui, car c'est le premier journal qui m'a payé en "pro". J'avais fait le tour de toutes les rédactions où je n'avais essuyé que des refus. J'ai hésité à aller chez Djin et finalement ce sont eux qui m'ont pris. Jacques Josselin m'a commandé des scénarios pour illustrer une rubrique scolaire (déjà !) et j'ai fait des gags sur l'école avec Péroline et Victor, deux gamins. La série a duré pas mal de temps, j'ai même écrit une histoire de 25 pages!

Chafouin & Baluchon - 1979

En 1979, pour Djin, c'est la création de Chafouin et Baluchon, deux matous imaginés avec la complicité de F. Corteggiani, cela marque le début d'une longue collaboration…

- J'avais créé deux chats et je pensais en faire des histoires de 5 ou 6 planches. Il faut dire qu'entre 1976 et 1980 j'ai fait beaucoup d'histoires sur des sujets très variés, en couleurs directes. J'ai vraiment appris mon métier dans toutes ces aventures où il fallait savoir tout dessiner. Comme Binet quittait Fleurus pour Fluide, Albéric de Palmaert, rédacteur de Djin, nous a proposé de le remplacer. C'est comme ça que sont nés Chafouin et Baluchon avec F. Corteggiani au scénario. Albéric de Palmaert aimait bien mon dessin et m'a vraiment fait beaucoup travailler, c'est lui qui nous a commandé Bastos et Zakousky.

 

Comment sont nés Bastos et Zakousky ? Quel a été l'impact de la série auprès des lectrices de cette revue catholique ?

- On ne sait jamais l'impact d'une série dans un journal, on fait partie d'un tout. Actuellement c'est différent avec l'album. Si on ne plaît pas au public, il n'achète pas l'album. Enfin c'est un petit peu plus compliqué, encore faut-il qu'il trouve l'album en librairie ! Pour Bastos et Zakousky, comme Albéric aimait bien notre travail, il nous a commandé un 44 pages. François a eu l'idée d'un "Eastern". C'est comme ça que Bastos est né. C'était mon premier 44 pages, je n'avais fait au mieux que 25 pages avec Péroline, il faut du souffle pour partir sur une histoire longue.

Extrait - Bastos & Zakousky

Contrairement aux gags, il a fallu que tu te documentes sur l'époque et les lieux.

- Bien sûr, j'ai acheté des tas de bouquins. Mais malgré tout, je n'ai jamais fait de vraie série réaliste. J'aime donner l'illusion que les héros sont en Russie, sur un trois-mâts ou en classe, par des détails véridiques, mais je n'en fais pas une fixation. En fait, c'est comme un décor de théâtre, je veux qu'on y croie sans avoir à dessiner tous les détails. Je ne pourrais jamais dessiner une série comme Largo Winch par exemple, je m'ennuierais à mourir à reproduire le moindre détail d'un building ou d'une rue. Certains dessinateurs aiment ça, chacun son plaisir et sa vision, heureusement qu'on ne fait pas tous la même chose, sinon quel ennui!

 

Après des débuts dans Djin (Fleurus), ils passent dans Circus, puis dans Gomme ( deux titres Glénat) et ils reviennent chez Fleurus dans Triolo alors que la série est publiée en album chez Glénat. Tous ces changements n'ont-ils pas nui à la fidélisation des lecteurs ?

- Je n'en sais rien. C'est l'arrêt de Djin qui nous a conduits chez Glénat, le tome 2 est paru dans Circus, mais comme c'était une BD jeunesse, il a mis les deux suivants dans Gomme. Le 5 est paru dans Triolo et enfin le tome 6 est paru directement en album. C'est chaotique mais c'est comme ça, les hasards de l'édition. Ҫa n'a sûrement pas aidé à fidéliser le public, mais après tout, aujourd'hui il n'y a quasiment plus de journaux.

Bastos et Zakousky auraient pu continuer leur carrière, qu'est-ce qui a motivé leur arrêt ?

- La mévente des albums bien évidemment. Si la série avait marché, on aurait continué. C'est pourquoi le tome 6 est si noir car la série s'arrêtait… Maintenant Henri Filippini dit que c'est mon chef-d'oeuvre, mais à l'époque on m'a dit d'arrêter quand même ! Beaucoup de jeunes auteurs ont apprécié cette série, Arleston et Tarquin étaient fans, mais je crois que c'est leur enfance qu'ils regrettent et ils voient la série avec les yeux de la nostalgie.

 

Cette série aurait mérité une réédition en intégrale ?

- Je crois que c'est une histoire qui est parue à son époque, aujourd'hui elle n'a plus sa place, il y a quelque 3600 albums par an, on ne va pas en rajouter d'autres avec des vieilleries. Je ne renie rien, j'ai eu du plaisir à dessiner ces albums, mais ça intéresserait qui, à part les nostalgiques?

 

Tu as créé Dorothée la poule, (pour Pistil, un hebdomadaire) qui semble avoir eu du succès auprès des lecteurs, le thème semble te plaire puisque que tu le reprendras, plus tard, dans Spirou avec Les Poules à lier.

- Dorothée a eu peut-être du succès, je ne sais pas, ça plaisait aux gens du journal en tout cas. Les lecteurs ne se manifestaient pas beaucoup. J'ai toujours l'impression que peu de gens lisent ce que je fais. Je suis étonné de voir que beaucoup d'auteurs actuels me connaissent. Il est vrai que j'ai travaillé pour Pif et Mickey qui avaient de gros tirages, beaucoup de gamins ont lu mes histoires à l'époque (même Olivier Sulpice, le patron de Bamboo !)

Dans Pistil, une autre série Duplumeau contre Picassax publiée en chapitres, représente un total de 46 planches, soit un album. Était-ce voulu ?

- Non, c'est un hasard. C'était une histoire avec un méchant: un pollueur fou "Picassax", car Pistil était un journal écolo. J'ai fait plusieurs histoires et au total 46 pages. Si la revue avait continué, peut-être qu´il y en aurait eu plus, malheureusement Pistil s'est arrêté. A l'époque, on pensait journal et non album ! Seules les vedettes avaient droit aux albums. Ce n'était pas un mauvais système, on faisait des BD dans un journal où paraissaient les vedettes et le lecteur pouvait nous découvrir. On avait le temps de faire nos preuves. Maintenant, il faut faire mouche tout de suite, car l'album doit être rentable très vite. On ne se posait pas de questions de rentabilité dans la presse. Si le rédacteur nous commandait des histoires et était content, on était content, on n'était pas en prise directe avec le lecteur. On ne se focalisait pas sur les fameux chiffres de ventes.

 

As-tu bénéficié des conseils de l'un ou l'autre auteur à cette époque ?

- Comme je l'ai dit, Morris, quand j'avais 16 ans, m'a écrit une longue lettre, - Mézières, un grand pédagogue. - Greg, qui à notre première rencontre m´a dit à la fin de l'entretien: "Tu as tout pour faire une bonne soupe, mais elle n'est pas cuite!" Quatre ou cinq ans plus tard quand il m'a dit apprécier mon travail, je lui ai alors demandé si elle était cuite!...- Charlier qui avait un oeil redoutable et aussi, plus tard, mon ami Derib, même si je n'étais pas toujours d'accord avec lui, il me disait de faire des cases plus grandes pour donner de l'espace… Et j'aurais fait quoi avec les autres cases de la page, si j'avais donné plus de place à certaines images. Tous ces gens m'ont fait rêver et m'ont beaucoup appris.

Extrait Duplumeau - 1978

Dans Tribolo paraît, en histoire à suivre, Léontine et Bombardon qui sera reprise par Pif Gadget et dans un album au tirage limité ( réédité en 2011 par Mosquito ). Sympathique série que tu n'a pas continuée par manque de temps ?

- Albéric de Palmaert nous a commandé, à F. Corteggiani et à moi, une histoire. Léontine est donc née. On a même pensé à faire une suite, mais je faisais beaucoup de planches à l'époque: en 1984, j'ai dessiné 210 pages, c'est dément, je me demande comment j'ai fait. Il faut dire que je dessinais 12h/jour, 7 jours/7. Je ne suis pas un dessinateur rapide, il me faut du temps pour faire une planche, alors je reste longtemps devant ma table…

 

Finalement tu entres à Pif Gadget, un hebdo toujours à la recherche d'auteurs fournissant régulièrement et rapidement du bon travail.

- Tout ça s'est fait en même temps. J'ai fait mes premières histoires dans Pif en 1978 et je suis rentré vraiment dans le journal de façon régulière en août 79 au moment de la mort de Patrick Rohat. Il n'a pas vu ma première histoire de Marine. F. Corteggiani avait montré mon travail à Serge Rosenzweig, adjoint du rédac-chef Claude Gendrot, c'est lui qui m'a engagé à la même époque que Juillard qui créait Masquerouge avec Cothias.

 

Comment est née Marine, cette petite fille de pirate qui a la particularité d'être ventriloque ?

- Cézard, qui était mort quelques années plus tôt, dessinait Surplouf, et chez Pif ils voulaient recréer une histoire de pirates et pensaient que j'étais capable de la dessiner. Le sujet me plaisait et comme il manquait des héroïnes dans le journal, on a fait une petite fille: Marine. On lui a donné un pouvoir, comme Benoît Brisefer de Peyo, elle serait ventriloque!

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LES ANNÉES 80-90

Après une quarantaine d'épisodes publiés sous forme de RC, Marine disparaît des pages de Pif Gadget. Pour quelles raisons ?

- 36 pour être précis. Le mercredi, coup de fil de la rédaction pour me dire que le public adorait Marine et qu'on allait faire des albums. Le vendredi, un autre coup de fil pour me dire que Marine s'arrêtait! Jean Ollivier avait été nommé rédacteur en chef et me débarquait. Il nous a proposé un gag par semaine, c'est comme ça que Smith et Wesson sont arrivés.

 

Du coup Marine passe chez Hachette, en album, après prépublication dans le Journal de Mickey. Le directeur était un ancien de Pif, il connaissait déjà la série et ses auteurs….

- Non, pas immédiatement, il a fallu attendre deux ans avant qu'elle ne revienne chez Mickey. Salvador Soldevilla, ancien de Pif, aimait notre travail et Marine. Ҫa s'est fait naturellement. C'est aussi lui qui a commandé l'Ecole Abracadabra.

 

La relance de Marine va avoir du succès et plusieurs pays étrangers vont en racheter les droits….

- Marine a mieux marché à l'étranger, notamment en Norvège. Hélas en France, on n´a guère dépassé les 10 000 exemplaires… Ce qui a valu son arrêt. Et puis le fait que 5 albums soient parus chez Hachette, pas vraiment spécialiste BD et sans qu'il s'en occupe vraiment, a pénalisé la série. Quant à Le Lombard qui a pris le relais, il n'y a pas vraiment cru non plus.

Extrait du tome 6 de Marine - 1988

Entre-temps, tu continues de travailler pour Pif Gadget avec une nouvelle série réalisée avec F. Corteggiani Smith et Wesson qui pendant dix ans vont être très populaires auprès des lecteurs.

- Peut-être, en tout cas, j'ai dessiné plus de 500 gags de cette série. Ce qui est drôle, c'est qu'Olivier Sulpice (Bamboo) a recopié certains dessins de cette série quand il était gamin! Amusant!

 

Lors de la publication en album de Smith et Wesson, c'est Claude Marin qui a dessiné les couvertures. Pourquoi ?

- Comme Claude dessinait essentiellement du Mickey, François lui a demandé de faire des couvertures pour montrer à tous son grand talent. Je ne suis pas sûr que l'idée soit bonne pour le côté commercial des albums, car la couverture ne correspondait pas au dessin à l'intérieur.

 

Marine a été rééditée, dix ans après son arrêt, par une jeune maison d'édition…

- Hélas pour Clair de Lune, ces rééditions ne sont pas un succès. Je pense que la surproduction actuelle empêche quasiment la visibilité des albums en librairie. Aujourd'hui, il est difficile d'être vu, il y a 10 nouveaux albums par jour. Si Marine est connue, les ventes d'albums n'ont jamais été convaincantes. Pourtant, les albums sortent beaucoup quand on les trouve en bibliothèque. De toute façon, c'est le public qui décide et il n'achète pas Marine.

En 1995, nouvelle tentative pour entrer à Spirou où débutent les mésaventures des Poules à lier, sur scénario de Gilbert Bouchard. Comment as-tu réussi cette percée, après tant de tentatives avortées ?

- J'avais un projet pub avec un nouveau style que je trouvais intéressant. J'ai envoyé des croquis à mon ami Bédu qui les a présentés à Thierry Tinlot en masquant mon nom. J'ai été engagé comme ça! J'ai fait une histoire de boxe avec Janssens en guise d'essai. C'est à ce moment-là que Gilbert Bouchard me téléphone: il avait gagné un concours de scénario avec des poules. Avec l'accord de Tinlot, j'ai illustré les pages, puis d'autres, jusqu'à une cinquantaine… Et puis, comme il a été décidé de ne pas en faire d'album, la série s'est arrêtée. J'ai fait, par la suite, 7 projets… tous refusés dont Les Profs.

 

Avec G. Bouchard, en 1999-2002, c'est la tentative, chez Casterman, de lancer une nouvelle série humoristique Croco et Fastefoude qui cessera après quatre albums. Le manque de prépublication est-il à l'origine de cet arrêt ?

- Bernard Ciccolini, directeur de collection, m'avait demandé de travailler pour lui en 1995 et puis le temps a passé…Gilbert avait fait un projet avec un crocodile et un lapin, quelques gags plaisaient bien à Ciccolini. Gilbert m'a demandé si l'histoire m'intéressait, j'ai proposé de remplacer le lapin par un gamin afin que la série ne soit pas complètement animalière. Après un an de palabres, la série a démarré. J'aimais bien la dessiner, mais nous avons eu des différents sur la façon de travailler: je suis un "diesel" et je travaille de façon continue et non par à-coups. Gilbert, c'est le contraire. En fait il n'est pas fait pour travailler en équipe, il est mieux seul où il dirige son travail à sa guise et à son rythme. Je dessinais Croco et Fastefoude et Les Profs et j'avais besoin de régularité pour assurer les deux séries. Croco s'est arrêté, c'est dommage, j'avais beaucoup de plaisir à le faire. Gilbert est un scénariste doué qui a du talent, c'est dommage qu'il privilégie ses séries historiques, mais c'est son choix.

 

Dessin de couverture Croco & Fastefoude

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LES ANNÉES 90-2000

Dans Mickey, tout en poursuivant Marine, tu livres L'école Abracadabra, sur scénario de François Corteggiani. Encore un succès qui dure dix ans et qui sera repris en album par Dargaud. Pour quel motif l'avoir remplacée par Monster Motel ?

- Chez Mickey, tous les journaux étaient testés et il y avait des notes d'audimat. Après dix ans, nos notes sont passées en dessous de 8/10, la série s'est arrêtée. Pour la remplacer, François a proposé Monster Motel, je ne me suis pas senti à l'aise dans cette série et l'aventure a duré une seule année.

 

Arrivent ensuite les fameux Profs qui s'installent discrètement dans le journal. Au départ, ils avaient même été refusés partout….

- Oui, les Profs ont été refusés partout. Spirou: "Il n'y a pas de public pour ça!", Dargaud: "Ce n'est pas l'école d'aujourd'hui", Glénat: "L'idée est bonne, mais il faudrait plutôt faire du Titeuf ado". Yves Sente du Lombard était partant, mais il s'est rangé à l'avis de Dargaud et n'a pas donné suite. Mourad Boudjellah, de Soleil, qui aime bien mon dessin, m'a proposé de les publier, mais j'ai senti que c'était uniquement pour me faire plaisir et qu'il n'y croyait pas. P&T (Joker) était partant, mais à 700 francs la page, j'ai trouvé ça misérable. Vents d'Ouest ne m'a pas donné de réponse….

 

Et Mickey a accepté ?

- Jean-Luc Cochet, rédacteur en chef de Mickey, qui aimait le projet, nous a proposé de le passer dans une rubrique pour débutants Comique Zone, car le directeur du journal trouvait la série trop adulte. Les lecteurs ont adhéré tout de suite, après quelques pages, on est revenu dans le journal de façon épisodique, puis hebdomadairement depuis maintenant 12 ans. Travailler avec Gilles CORRE ( ERROC ), le scénariste, est un réel plaisir, c'est un auteur bourré de talent et d'humour, toujours d'humeur égale, un grand professionnel et un homme bien.

 

Comment Erroc et toi en avez-vous eu l'idée ?

- Il y a bien longtemps que j'avais l'idée de faire une série sur les profs, mais je pensais qu'il fallait être dans le milieu pour traiter ce sujet. Avec Gilles, on avait fait 2 essais pour Spirou: refusés, et un jour, je lui parle de mon envie de faire une série sur ce thème. Il me dit qu'il avait fait un projet avec Achdé pour Dargaud sur ce sujet, celui-ci avait été refusé. Il m'envoie les scénarios que je trouve immédiatement excellents et dans le ton que je souhaitais pour la série. Je dessine quatre pages et commence l'aventure des envois aux maisons d'édition. La première page a été dessinée en juillet 1997, elle est parue en décembre 1998 dans Mickey et le 1er album est sorti en juin 2000, trois ans après!

 

Et la jeune maison d'édition Bamboo a décidé de reprendre Les Profs en album…

- Olivier Sulpice, patron de Bamboo (très petite maison à l'époque), a acheté par hasard le Journal de Mickey et est tombé sur la page des Profs. Comme il avait eu la même idée et qu'il pensait que ce que nous avions fait, Gilles et moi, était bon, il a fait le siège de mon téléphone pour publier la série. Nous pensions faire le tour des maisons d'édition quand nous aurions une quarantaine de pages parues dans Mickey, mais Olivier a été persuasif et on a signé chez lui. Le tirage initial du tome 1 était de 14 000 exemplaires (il y croyait!) avec une mise en place de 5 200 exemplaires…Au bout d'un an nous avions vendu 26 000 exemplaires (le prix d'Angoulême était passé par là). Le tome 2 a été tiré à 35 000 ex., le 3 à 50 000, le 4 à 100 000, le 5 à 150 000 et enfin le 8 à 180 000. A ce jour, nous avons vendu 3 600 000 exemplaires sur l'ensemble de la série. C'est un succès incroyable, nous avons une chance exceptionnelle car une telle adhésion du public est rare.

Extrait tiré des Profs - Années 2000

Le succès est donc au rendez-vous. Belle revanche contre tes détracteurs.

- Oui, mais surtout je pense que notre aventure doit donner un espoir à tous ceux qui ne vendent pas et qu'on méprise en les traitant de ringards, et aussi les éditeurs devraient se méfier de leurs certitudes. On ne sait jamais ce qui va marcher ou non. Etre revanchard ne sert à rien.

 

J'ai oublié de parler des Babyfoots qui ont connu une parution chaotique. Gilbert Bouchard avait créé Les Babyfoots sous forme de stories ( texte et dessin )?

- Après la coupe du monde 1998, il a repris l'idée avec moi au dessin et l'a proposée aux éditions Pictoris dirigées par Bernard de Choisy, mais il ne lui a pas fait confiance en définitive. J'avais dessiné 21 pages d'une histoire de 46, nous avons essayé de la replacer, mais seule une revue de foot, Bleu Blanc Foot, l'a acceptée, mais pour des gags, ce que nous avons fait. Après 21 numéros, la revue a cessé. J'ai dessiné 14 pages supplémentaires et en reprenant les 8 premières pages de l'histoire complète nous avons fait un album chez Bamboo, qui n´a pas mal marché d'ailleurs (21 000 exemplaires).

 

Tu as participé à pas mal d'albums collectifs, qu'ils soient politiques, parodiques,hommages,… C'est un genre qui te plaît ?

- Pas plus que ça. Tout simplement, j'en ai fait beaucoup à une époque où le boulot était rare. Le seul que je voulais vraiment faire, c'est celui en hommage à Uderzo. Il m'a beaucoup fait rêver, je lui dois de faire ce métier, il m'a soutenu pendant des périodes difficiles! C'est un immense Monsieur avec un grand talent, trop peu reconnu par le milieu, bien que de nombreux dessinateurs l'admirent énormément.

 

Interview réalisée par Louis Cance pour le Fanzine HOP ! Numéro  110.

Couverture des Babyfoots - 2002

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LES ANNÉES 2000 à nos jours...

Pourquoi, à partir du Tome 14 des Profs, as-tu pris Mauricet comme assistant ?

- Le 16 mars 2009 ma vie professionnelle s’arrête un temps au gag 517, à cause d’un AVC qui me laisse hémiplégique du côté gauche. - Plusieurs mois d’hôpital et d´incertitude sur la suite de ma carrière de dessinateur…Ma main gauche reste paralysée…

En décembre 2009, mon éditeur Olivier Sulpice m’offre tout un équipement informatique: ordinateur et tablette “Cintiq”, ainsi qu’une formation d’une semaine pour apprendre à me servir du logiciel “Manga Studio”.

Arnaud Toulon, dessinateur entre autres des ”Informaticiens”, vient une semaine chez moi et m’apprend à dessiner sur tablette…Il me concocte des cours audio-visuels qui me permettront, au fil des mois, de “réviser“ ce qui m’a échappé…

Grâce à lui  je reprends le dessin, - qu’il en soit remercié! , d’autant plus qu’il a toujours été là au cours des années suivantes quand j’ai eu un “pépin” informatique…

En janvier 2010, pour me “remettre en selle”, je dessine les illustrations du petit roman: “Virus au bahut”.

Entre-temps, comme j’avais des gags en réserve, le tome 12 paraît en octobre 2009. J’effectue la sélection des gags sur mon lit d’hôpital…La couverture est constituée du dessin d’une carte de vœux de 2003…

En octobre 2010 le tome 13 paraît, avec 21 gags dessinés avant mon AVC, une histoire de 8 pages, “Western”, destinée à un “Profs refont l’histoire 2” ainsi que 15 pages dessinées à la “Cintiq", - premières pages réalisées après mon accident…

En novembre 2011 paraît le tome 14. A la page 11 je bloque psychologiquement, le dessin sur “Cintiq” me posant des problèmes. Je fais appel à un encreur pour me soulager d’une tâche difficile pour moi. Je continue à faire des crayonnés très précis. C’est Mauricet qui assure l’encrage de la fin de l’album et des tomes 15 et 16.

 

Un film tiré de votre série Les Profs est sorti au mois d'Avril 2013, comment vous a-t-on proposé ce projet ?

- En 2010, quand Olivier Sulpice a présenté Les Profs à Romain Rojtman, le producteur de « L’élève Ducobu », il a bien aimé  et a voulu l’adapter en film…Celui-ci a alors demandé à Pierre François Martin-Laval (PEF), fan de BD, d´en assurer la réalisation…Je ne me suis pas réjoui trop vite, car en 2003 il avait été question d’une sitcom qui a été finalement abandonnée !

Le 13 juillet 2012  les premières scènes du film “ Les Profs ” sont tournées à Longjumeau…

C’est donc Pierre François Martin-Laval qui assure la réalisation tout en jouant le rôle de Polochon…

Le casting est royal:

- Isabelle Nanty joue Gladys

- Arnaud Ducret -  Eric

- Raymond Bouchard – Maurice

- Christian Clavier – Serge

- Stefi Celma – Amina

- Fred Tousch – Mister Boum Boum

- Kev Adams – Boulard

- Philippe Duclos – Le proviseur

- François Morel – L’inspecteur adjoint

- Alice David – Marie

 

Le film sera un succès avec 3 957 176 spectateurs…Premier film français 2013 !

 

Une apparition dans le film ? Comment est-ce arrivé ?

- PEF nous a invités, Gilles et moi, pendant deux jours lors du tournage dans la banlieue parisienne. Histoire de voir comment cela se passait. C'est un peu par hasard qu'il nous a demandé d'apparaître dans la dernière séquence du film qui reprend l'idée de la "photo" qui apparaît au dos des albums des Profs avec tous les personnages. D'ailleurs, j'ai dû faire un dessin assez complexe pour cette séquence, car la scène filmée se transforme en dessin, il m'a été difficile de reproduire tous les acteurs de façon réaliste.

Pour le tome 17, pourquoi changes-tu d’encreur ?

- En 2014, pour le tome 17, je décide de changer d’encreur. Je trouve que Mauricet, dessinant aussi la série Boulard, mélange de plus en plus son dessin à mes crayonnés. Je confie alors cette tâche à Simon Léturgie… Il fera ce travail très fidèlement, avec beaucoup de talent - et sur papier…

 

 

Pour le tome 18, c’est Simon Léturgie qui assure seul la suite de la série, - pourquoi ce choix ?

- En 2015, au terme du tome 17, je décide de “passer la main”…

Je n’arrivais plus à exécuter le dessin dans des délais raisonnables pour assurer la pérennité de la série et avec un dessin qui me satisfaisait!

Gilles (Erroc), ma coloriste et l’édition Bamboo ont besoin des revenus de la série…

En dessinant un album tous les 2 ou 3 ans, les ventes du fond auraient chuté terriblement…Avec plus de 5 000 albums par an il faut être présent très régulièrement, sinon on risque d’être oublié…

Les revenus que génèrent la série permettent de publier des auteurs qui n’ont pas la chance de bien vendre… Toute ma vie j’ai bénéficié des succès des autres pour travailler, il est normal d’y penser à mon tour…

 

Un second film est sorti en 2015, une suite ?

- En effet, suite au succès du premier film, le 1er juillet est sorti sur les écrans         " The Profs 2 ”, toujours avec Pierre François Martin-Laval à la réalisation. Même casting que pour “ Les Profs - le film ”, à l’exception de Christian Clavier remplacé par Didier Bourdon. L’action se situe en Angleterre, ce film est assez éloigné de nos BD, seuls les profs y font référence par leurs caractères… Le film sera aussi un succès avec 3 489 537 spectateurs… Second succès français de 2015…

 

Et l'avenir ?

-Pour ne pas complètement arrêter le dessin je prépare, à mon rythme, une nouvelle série animalière appelée L'écho de la jungle…Sans aucune contrainte de temps ni d’ambition commerciale. Juste pour le plaisir !!!

 

 

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